En tant que proche collaborateur du Professeur Orszàgh (www.eautarcie.org), je me permets de vous communiquer, en avant première, les dernières constatations et réflexions sur ce sujet du Léonard de Vinci de notre époque....
D'une intégrité et d'une compétence hors normes ainsi que d'un total désintéressement , il a de réelles connaissances dans une multitude de domaines ce qu'il lui a permis de montrer, en toute humilité, la voix à suivre pour nous sortir de l'ornière du "réchauffement climatique", de la "malbouffe", ... et même du chômage !
Pour le coup, c'est un réel "message d'espoir pour l'Humanité"
Ce qui est génial, c'est que nous pouvons, tous, nous mettre à appliquer ces idées, à notre niveau quel qu'il soit, pour faire notre "part du colibri" ...
« L'augmentation de la teneur en CO² de l'atmosphère... Une opportunité à saisir pour l'humanité ! »
prenez le temps de le lire jusqu'au bout
Il y démontre, de façon limpide, que la quantité énorme de CO² rejetée dans l'atmosphère par l’homme est, malgré tout, une chance, une opportunité à saisir pour l'humanité.
En fait, ni plus ni moins, il "montre le cap pour restaurer la biosphère" !
(cela devrait pouvoir lui valoir un prix Nobel !)
merci de laisser un commentaire
Francis Busigny
Résumé
Il s’agit ici d’un essai, une sorte d’esquisse, pour baliser le chemin qui conduirait l’humanité hors de ses problèmes climatiques. Les mesures proposées par la suite peuvent apparaître, comme celles d’un monde à l’envers où les concepts actuels sont ni plus, ni moins, inversés. Comme si l’on regardait le monde la tête en bas. Tout est évidemment une question de point de vue. Quand on porte des lunettes munies de prismes qui inversent l’image, l’expérience montre qu’après quelques jours, la perception du monde devient normale. Les scientifiques actuels (tous mes respects pour les exceptions) regardent le monde avec des lunettes à prismes. Il y a des chances que nos petits-enfants jugeront notre vision actuelle du monde comme une sorte d’univers à l’envers. Ce qui est, par contre, encourageant est que les mesures proposées dans cet essai coûteront probablement bien moins cher que les sommes actuellement consacrées à la recherche de solutions qui, d’un point de vue scientifique, et cela, on peut déjà aisément le prouver, ne conduisent que dans une impasse.
L’aspect ironique de la démarche proposée pour la maîtrise des changements climatiques, réside dans les « effets collatéraux » favorables comme la mise en place d’une production alimentaire durable, et l’élimination de tous les problèmes liés à l’eau (pollutions, pénurie, sécheresses, inondations, érosion, etc.) dans le monde. Sans parler de l’émergence très probable de nouvelles techniques de production « d’énergies vertes » avec des rendements qui feraient pâlir les thermodynamiciens les plus avisés.
Les scénarios catastrophes des spécialistes
Lorsqu’on regarde le problème des changements climatiques avec les yeux de « ceux qui savent » les prévisions sont loin d’être roses… Les extrapolations, faites avec les modèles de calcul les plus perfectionnés, indiquent tous, sans exceptions, une détérioration de la situation. Les projections des tendances actuelles indiquent une augmentation de la température de l’atmosphère de plusieurs degrés. Quant aux conséquences prévisibles, chaque degré centigrade ajouté apporte des aggravations et des perspectives de plus en plus apocalyptiques.
De toute évidence, les décideurs politiques et économiques ne peuvent plus esquiver les décisions qui feront de plus en plus mal. Le problème est que les décisions prises (comme la convention de Kyoto et ceux qui l’ont suivi) jusqu’à présent, ne semblent absolument pas infléchir les tendances que l’on mesure depuis le début du siècle dernier. Les seuls remèdes envisagés sont « la réduction des émissions de gaz à effet de serre » et/ou l’utilisation d’un « puits de carbone » miraculeux où l’on stockerait le CO2 « excédentaire » de l’atmosphère.
Alimenter le « Moloch » insatiable
La démarche actuelle, tout en laissant de côté une vision globale, pourtant nécessaire, ne manque pas d’incohérence. « On fait tout »(?) pour réduire les émissions. Pendant ce temps, afin d’alimenter les besoins énergétiques insatiables, des moyens gigantesques sont mis en œuvre pour la recherche de nouveaux gisement de combustibles fossiles (Cf. entre autres : gaz de schiste). De toute évidence, au niveau des décideurs économiques – et politiques par voie de conséquence - l’objectif prioritaire ne semble pas être la mise en place d’une économie durable, mais celle d’un monde où les profits le sont.
Les adeptes de l’énergie nucléaire ont beau jeu de clamer leur « non contribution aux changements climatiques ». D’un autre côté, en matière de recherches énergétiques, les scientifiques les plus éminents pratiquent la ruée vers les énergies vertes. Biogaz, pellets, biocarburants, production d’énergie électrique par la combustion de la biomasse, sont autant de filières qui ont la préférence de tous. Afin de poursuivre ces activités, on entend souvent la justification suivante : « les énergies vertes sont renouvelables, leur production est neutre par rapport à l’effet de serre ». Cette affirmation est en passe de devenir une vérité inébranlable, aboutissant à la formulation d’un dogme.
Par la suite, nous allons montrer que cette démarche aboutit aussi à une impasse.
La vision anthropo-centrique vs. bio-centrique
Depuis au moins 25 ans je défends publiquement une démarche très pratique et de « terre-à-terre » pour la maîtrise de tous les problèmes liés à l’eau, avec les effets favorables sur la production alimentaire mondiale. Jusqu’à présent, ce discours n’a rencontré que des « oreilles sourdes », l’incompréhension totale et même de l’hostilité1.
Dans mes discussions avec des spécialistes, le refus d’entendre est systématique. Le jugement des collègues – formulées rapidement et sans appel – est toujours défavorable. Les rares scientifiques qui ont pris la peine d’examiner, même superficiellement le contenu de mon discours, finissent par admettre « la pertinence » de cette démarche, en ajoutant toutefois l’objection imparable : les solutions proposées sont interdites par les lois en vigueur et sont psychologiquement, socialement inacceptables. Depuis des années, j’ai l’impression de mener une lutte contre les moulins à vent à la manière de Don Quichotte et aussi de jouer le rôle de l’enfant du conte d’Andersen : « Les habits neufs de l’empereur ». Lorsqu’on parle d’épuration des eaux, je crie haut et fort : « l’empereur est nu ! ». L’appréciation défavorable des idées que je suis appelé (par vocation ?) à défendre n’a pratiquement pas changée depuis 20 ans. Devant ce mur d’incompréhension, j’ai fini par découvrir l’origine de l’opposition. Le nœud du problème n’est pas de nature scientifique, mais philosophique².
La vision dominante est anthropocentrique et, de toute évidence, c'est ce qui inspire actuellement toutes les recherches. C’est aussi la philosophie qui régit toutes les activités. Il m’a fallu des années pour découvrir que ma démarche scientifique s’inspirait d’une vision, qu'on pourrait qualifier de bio-centrique.
Dans cet essai, ce n'est pas le confort immédiat et l'intérêt à court terme de l'homme qui se trouve au centre des préoccupations, mais bien l'intérêt de la biosphère dont l'humanité fait aussi partie. Contrairement à la vision anthropocentrique, c'est une vision à long terme. Avec ses préoccupations centrées sur lui-même, l'homme s’est mis, mentalement, en-dehors de la biosphère. Cette vision postule implicitement que la biosphère est au service de l'homme. De nombreux phénomènes, et surtout problèmes, observés et connus de tous, prouvent que la vision anthropocentrique est nuisible à l'ensemble de la vie sur cette planète. Les problèmes liés à l'eau, à la production alimentaire et aux changements climatiques sont les conséquences directes et immédiates de cette vision. Inversement, on peut montrer que l'humanité peut sortir de ces problèmes en moins d'un demi-siècle, en prenant, le plus rapidement possible, un virage vers une vision bio-centrique. Plus ce virage tardera à venir, plus douloureuse sera la transition…
Un message d’espoir
D’un point de vue scientifique et technique, la démarche esquissée par la suite, sans remettre en cause le confort de l'homme, restaure la biosphère, actuellement fortement malmenée, et en grande partie déjà détruite. Vu sous cet angle, l’augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère, au lieu d’être une sorte de catastrophe, une fatalité à gérer à coups de milliards, apparaît comme une chance, une opportunité à saisir pour créer des espaces de vie confortables pour l’humanité qui augmente en nombre. A défaut d'un virage en ce sens, les prévisions catastrophiques des spécialistes se réaliseront : on fera la guerre pour l'eau et les changements climatiques apporteront leur lot de catastrophes qu'on qualifiera de « naturelles », alors qu’elles ne sont que les conséquences des décisions incorrectes. Je répète, ces catastrophes prévisibles ne constituent nullement une fatalité, elles peuvent être évitées, en changeant notre vision.
Le carbone, l’élément-clef de la biosphère
L’idée de base de notre démarche est le fait que l’atmosphère terrestre et le sol sont l’œuvre de la biosphère. Les deux sont largement interdépendants. Lorsqu’on laisse agir la biosphère (donc sans intervention de l’homme), un équilibre s’établit entre le carbone du CO2 de l’atmosphère et le carbone organique en activité dans la biosphère. La vie sur les continents y joue un rôle fondamental. La base de toute vie sur les continents est la terre fertile, la partie superficielle du sol. L’or brun de la terre est l’humus qui abrite une faune très riche qui vit en symbiose avec le monde végétal. Sans ce monde, à long terme, il n’y a pas de vie animale, ni humaine possible.
L’humus des terres agricoles a été brûlé par l’agriculture intensifiée, celui des forêts humides et tempérés par le déboisement et les incendies. Les cultures dites « énergétiques » sont en train d’achever la destruction des sols. Sans humus, la terre, la base de toute vie sur les continents, « ne tient plus ». Elle s’en va dans les océans par érosion. Cette perte est définitive, et à l’échelle humaine, elle est irremplaçable. Les incendies des forêts, le déboisement, la disparition de l’humus des terres agricoles, sans parler de la suppression des zones humides des rivières, a rejeté et rejette encore des quantités énormes de carbone dans l’atmosphère. Comme effet collatéral, faute d’humus, l’eau des précipitations n’arrive plus dans les nappes phréatiques (ou peu). Elle ruisselle directement vers les rivières dont le débit devient aléatoire : étiage en périodes sèches et inondation en périodes humides. Le cycle de l’eau est gravement perturbé. A cela s’ajoute le sur-pâturage et les pratiques agricoles modernes inadaptées aussi dans les pays en voie de développement. Tout cela contribue aussi, d’une manière directe aux changements climatiques.
Les problèmes environnementaux que nous connaissons actuellement trouvent leur origine, dans la méconnaissance des mécanismes de fonctionnement des grands cycles naturel. Sans une vision globale, le risque de faire des erreurs est grand.
Malheureusement l’avis des « généralistes » des sciences ne pèse pas lourd devant celui des spécialistes de haut niveau qui ne connaissent bien que leur domaine. C’est souvent l’origine des décisions incorrectes touchant directement la biosphère.
La maîtrise des changements climatiques par le traitement des eaux usées
Quand un spécialiste en génie sanitaire entend cette affirmation, il jette les bras en l’air, en insistant sur le fait que l’épuration n’alimente pas (ou très peu) l’atmosphère en dioxyde de carbone, ce qui est vrai. La liaison entre l’épuration et les changements climatiques passe par l’agriculture et la production d’énergies vertes. Point de production alimentaire durable sans un traitement durable des eaux usées urbaines.
Le premier pas incontournable sur le chemin de la maîtrise des changements climatiques passe donc par la suppression du système absurde de « tout-à-l’égout », obéissant aux mêmes principes que celui du « tout-à-la-poubelle ».
Les spécialistes en agriculture et en génie sanitaire n’ont pas encore découvert les liens intimes qui existent entre le traitement des eaux usées et l’agriculture. Cependant, les véritables responsables de cette situation sont à chercher dans le cercle de la médecine et tout particulièrement dans l’idéologie hygiéniste. Car l’hygiénisme est une idéologie basée sur une démarche scientifique incomplète et incohérente. En simplifiant à l’extrême il s’agit de la méconnaissance de toutes les relations qui existent et peuvent exister entre les êtres microscopiques (bactéries, virus, champignons) et l’apparition de certaines maladies. L’effet le plus direct du système dogmatique établi par l’idéologie hygiéniste est le fait que plus de 3 milliards d’humains n’ont pas d’accès à une eau potable de bonne qualité. Les slogans du genre : « l’eau est un bien commun », « la gestion démocratique de l’eau », « le droit à l’eau potable de chaque être humain », « solidarité mondiale autour de l’eau », etc. ne constituent que des vœux pieux, sans aucun effet tangible. Sans adopter une vision bio-centrique, ces problèmes s’aggraveront.
Mais la nuisance majeure de l’idéologie hygiéniste est le fait, qu’elle a « dans le collimateur » la matière fécale humaine comme le « le mal absolu ». C’est la raison pour laquelle, dans les finalités de l’assainissement (déjà ce nom en dit long³), on cite, en toute première priorité « la protection de la santé humaine », tandis que la protection de l’environnement vient en tout dernier lieu, en passant par la notion de "l'institutionnellement approprié ».
Les déjections humaines et animales ne sont pas des déchets, elles sont plus qu'une ressource : elles font partie intégrante du monde du vivant. Sans elles, le fonctionnement de la biosphère est gravement perturbé. Elles font partie des processus indispensables à la vie sur terre.
Donc la charge polluante des eaux-vannes (eaux issues des W-C et des urinoirs) n’est pas un déchet dangereux, mais une ressource dont la valorisation est incontournable. Les eaux usées ne deviennent déchets qu’au moment ou les eaux-grises (eaux savonneuses) et les eaux-vannes sont mélangées (tout-à-l’égout). Elles ne deviennent déchets dangereux qu’après épuration. Sans entrer dans les détails scientifiques, l’épuration détruit les structures moléculaires indispensables à la formation de l’humus pour le sol et les transforme en pollution. Elle prive les sols d’un apport de structures organiques (4) indispensables au maintien de la teneur en humus. En ce sens, l’épuration des eaux résiduaires urbaines est une nuisance environnementale majeure dont on refuse actuellement admettre les conséquences déjà visibles.
Le mécanisme qui conduit à la maîtrise des changements climatiques
Les déjections de plus de 7 milliards d’humains (9 à 10 milliards prévus pour la fin du siècle) représentent une biomasse comparable à celle produite par les animaux d’élevage. Les deux ensemble, traitées avec une quantité très importante de matériaux végétaux (riches en cellulose) rendrait superflu l’usage des engrais chimiques dans la production alimentaire mondiale. Avec la suppression du « tout-à-l’égout » une infrastructure se met en place, surtout autour des grandes villes qui, avec les centres de traitement de la biomasse produirait l’amendement organique agricole indispensable pour régénérer la biosphère.
C’est le chemin incontournable qui conduit à la régénération de la teneur en humus des terres agricoles et celle des autres sols aussi. Avec la suppression des engrais chimiques, les besoins en produit phytosanitaires régresseront également. Il n’est pas exagéré de dire, qu’en ce cas, l’agriculture mondiale devient biologique par la force des choses, sans le moindre règlement contraignant. Point ne sera nécessaire d’interdire l’usage des pesticides, puisque l’agriculture, devenue organique, n’en aura plus besoin.
Un gramme d’humus stabilisé dans le sol est capable d’y fixer jusqu’à 50 grammes d’eau, à la manière d’une éponge. Avec la régénération de la teneur en humus des terres, comme nous disions plus haut, l’eau des précipitations, au lieu de ruisseler vers les rivières, alimentera les nappes phréatiques, actuellement surexploitées. Les besoins en eau d’irrigation diminueront aussi. Le débit des rivières devenant plus régulier, la fréquence et la gravité des inondations diminuera aussi. Les effets des sécheresses s’atténueront.
La quantité énorme d’eaux-vannes collectées d’une manière sélective (5), et issues des villes, ainsi que le fumier des animaux nécessitera toute la biomasse végétale (que l’on brûle actuellement (6) sous prétexte de valorisation énergétique) disponible dans les grands centres d’imprégnation et de compostage. Les villes deviendront en quelque-sorte « le cordon ombilical » de la production alimentaire mondiale. Ce qui est tout à fait normal, puisque notre alimentation est un produit de la terre, c’est une évidence que nos déjections doivent y retourner, mais pas n’importe comment. C’est ainsi que les grands cycles naturels de carbone, de l’azote, du phosphore et aussi de l’eau seront enfin bouclés. Le nouveau génie sanitaire reconduit l’homme dans la biosphère. Pour les générations futures, l’épuration des eaux résiduaires urbaines apparaîtra comme une erreur du passé, un égarement…
Le bilan de carbone du nouveau génie sanitaire
La restauration de la teneur en humus des terres agricoles est un processus qui peut facilement prendre un demi-siècle, tout en mobilisant la totalité de la biomasse animale (humaine) et végétale disponible. Ce faisant, en plus du rétablissement du régime hydrique des écosystèmes, on assistera à des modifications locales du climat des régions sèches ou arides. Le climat fait le sol, mais l’inverse de cette affirmation est vrai aussi. Dans les régions sèches, grâce au pouvoir rétention d’eau des sols, avec l’extension de la végétation et l’évapo-transpiration, les courants d’air ascendants deviendront moins fréquents et moins intenses. Ce qui modifiera, dans le bon sens, la pluviosité locale. A titre d’exemple, en mettant en place à l’échelle mondiale un vaste programme de gestion durable de la biomasse, vers le milieu de ce siècle, le pourtour de la Méditerranée et le Moyen-Orient ont des chances de (re)devenir une vaste région verdoyante. Le flux migratoire sud-nord s’inversera, car dans ces régions et aussi au Sahel, il fera bon vivre.
La mobilisation globale de la biomasse disponible, pendant des décennies stockera une quantité de carbone dans le sol et aussi dans le monde des végétaux, à la mesure des quantités de CO2 que l’usage des carburants fossiles a rejeté dans l’atmosphère. On crée ainsi un puits de carbone qui, du moins dans sa phase de croissance, absorbera plus de CO2 de l’atmosphère que l’homme ne peut y rejeter. On assistera d’abord (après quelques années déjà) à un ralentissement de l’augmentation de la teneur en CO2, pour voir « le pic de CO2 » probablement entre les années 2050 et 2080. Il serait trop long d’exposer les bases de cette prévision ici. Le pic de CO2 correspondra tout simplement à équilibrer les émissions avec l’absorption par la biosphère.
Cette absorption sera évidemment plus grande que celle de la biosphère de l’air préindustrielle. Pour arriver à ce résultat, il faudra pratiquement reboiser de très vastes régions actuellement sèches, semi-arides et arides. Heureusement ce phénomène est auto-catalytique. Il s’accélère en s’avançant, du moins jusqu’à un point d’équilibre.
Quand l’usage des combustibles fossiles devient une chance pour l’humanité en croissance…
Sans encourager la gabegie énergétique actuelle, grâce à cette quantité énorme de carbone rejetée dans l’atmosphère, l’humanité dispose d’une réserve inespérée de carbone pour augmenter la biomasse active dans la biosphère.
Il ne faut pas sous-estimer la « respiration » bien mesurable et mesurée de l’atmosphère. En un an, même la biosphère actuelle, passablement détruite et délabrée, échange annuellement plusieurs fois plus de CO2 avec l’atmosphère que l’homme y rejette par an. Avec l’extension de la biosphère, cette respiration annuelle devient de plus en plus intense, sans parler du fait qu’un écosystème en pleine croissance absorbe plus qu’il n’en rejette. L’équilibrage se fait au moment de l’arrêt de croissance. Seulement dans les 150 années à venir, l’homme suivra de près l’évolution de la teneur en CO2 de l’atmosphère et le flux de fixation par la biosphère. C’est probablement au début du 22ème siècle que l’on arrivera à cerner la teneur optimale en équilibre dynamique avec la biosphère. Compte tenu de la réserve de carbone dont nous disposons par la combustion du carbone fossile, on pourra calculer la superficie des déserts qu’il sera souhaitable de conquérir pour stabiliser la situation climatique.
Les scientifiques de l’avenir pourront alors calculer avec précision le point d’équilibre à ne pas dépasser afin de ne pas enclencher un refroidissement de la planète. La fixation des réserves de carbone rejetée par l’homme, dans la biomasse active, créera de vastes zones verdoyantes nouvelles (au détriment des déserts) pour le monde vivant et aussi pour les hommes du futur. Avec la maîtrise des changements climatiques, on pourrait peut-être, alimenter les 10 milliards d’humains prévus pour la fin du siècle. Cependant, en adoptant la philosophie bio-centrique, il restera encore un défi : la maîtrise des changements climatiques devra aller de pair avec celle de l’augmentation incontrôlée de la population.
Jadis, le CO2 excédentaire a aussi fait partie de la biosphère
En brûlant le charbon, le pétrole et le gaz naturel, l’homme n’a rien fait d’autre que libérer le carbone qui, il y a environ 200 millions d’années (à l’époque carbonifère) faisait partie intégrante de la biosphère. Suite à une série d’accidents géologiques, cette biomasse s’est retrouvée sous terre et a subi des transformations. L’atmosphère primaire de la Terre contenait probablement beaucoup de CO2, ce qui avait comme effet de stimuler la végétation vers le gigantisme. Par ailleurs, avec un certain retard, le monde animal a aussi opté pour le gigantisme. C’est un accident cosmique qui a mi fin à ce gigantisme animal (les dinosaures), il y a 60 millions d’années.
Pendant l’époque carbonifère la teneur en CO2 de l’atmosphère a diminué jusqu’à atteindre un équilibre. Ce sont des accidents géologiques qui ont mis fin à cet équilibre en ensevelissant une quantité phénoménale de carbone organique dans le sous-sol. Le monde végétal devait donc se contenter de moins de carbone disponible, en libérant des terres émergés pour les déserts. L’homme moderne a donc prélevé une partie de cette réserve souterraine de carbone à des fins énergétiques, mais au lieu d’aider la biosphère à retrouver un nouvel équilibre, il a continué à la détruire aussi. Ce faisant il n’a fait que renforcer le déséquilibre créé par la combustion. Il y a des chances pour que dans l’augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère, la destruction de la biosphère – entamée par ailleurs depuis l’antiquité – aurait contribué aussi d’une manière significative. Ce que nous proposons actuellement, c’est tout simplement d’inverser la tendance actuelle – d’où « le monde à l’envers » - et profiter de cette réserve de CO2 atmosphérique pour renforcer la biosphère et surtout créer (en fait rendre) un espace supplémentaire aux espèces actuellement menacées de disparition.
Réorienter les recherches en climatologie
Nous pensons que c’est une erreur de mettre le déséquilibre actuel uniquement sur le dos de l’utilisation des combustibles fossiles. Il serait souhaitable d’entamer des recherches pour évaluer les proportions optimales entre la teneur en carbone de l’atmosphère et la quantité de carbone organique active dans la biosphère. L’atmosphère et le sol sont l’œuvre de la biosphère, c’est donc à la biosphère qu’il faut s’adresser pour redresser la situation.
Revoir notre vision sur les énergies dites « vertes »
Contrairement aux idées reçues, la combustion de la biomasse à des fins énergétiques n’est pas une opération « neutre » au point de vue des changements climatiques. Dans une biosphère en équilibre avec l’atmosphère, on peut évidemment prélever une certaine quantité de biomasse végétale et animale à des fins énergétiques. La condition est de ne pas diminuer la quantité de biomasse active dans la biosphère. La gabegie énergétique actuelle ne peut envisager que des prélèvements gigantesques dans la biomasse, ce qui contribue à renforcer l’effet de serre provoqué par l’usage mégalomane des combustibles fossiles.
En l’état de délabrement de nos terres agricoles et de la destruction avancée de la biosphère, chaque kilogramme de biomasse animale (humaine) et végétale brûlée à des fins énergétiques, constitue un facteur de déséquilibre. La valeur biologique (humus potentiel) de la biomasse ainsi détruite, est de loin supérieure à celle du très peu « d’énergie verte » produite. Faut-il rappeler que même en mobilisant toutes les terres agricoles pour la production d’énergie verte, cette activité, ne couvrira qu’une proportion très faible de nos besoins énergétiques actuels ?
En ce sens, la production des biocarburants, du bio-méthane, et la combustion des pellets (matière idéale pour les centres d’imprégnation et de compostage) et des déchets agricoles pour produire de l’énergie électrique, sont des activités suicidaires.
L’énergie verte de l’avenir ?
Pour la production d’énergie verte, la solution de l’avenir passera par des voies microbiologiques7. Une des filières vraiment crédible est la récupération de la chaleur de compostage pour chauffer des serres et des habitations. En effet, pendant le compostage de la paille imprégnée d’eaux-vannes8 la température peut monter jusqu’à 70°C et, moyennant d’intervention, peut se maintenir au-dessus de 50°C pendant plusieurs mois. Des expériences en cours en Hongrie sont encourageantes quant à la possibilité d’utiliser cette énergie thermique pour assurer un chauffage de base à des habitations. Malheureusement, en dépit de mes sollicitations, ni en Belgique, ni en Hongrie, aucun établissement de recherche ou universitaire n’a, jusqu’à présent, montré le moindre intérêt pour cette filière énergétique.
Mons, le 3 mai 2014.
Joseph Országh
www.eautarcie.org
1 Pour faire opposition aux idées défendues sur le site eautarcie.org les techniciens agricoles et en génie sanitaire, sans parler des hygiénistes, se donnent la main avec les environnementalistes.
2 Après mon exposé fait devant un parterre de grands spécialistes aux Journées Information Eaux (JIE) à Poitiers, en France, je m’attendais à une avalanche d’objections techniques et scientifique. La seule question qui m’a été posée était la suivante : « Vous êtes membre de la Commission Gouvernementale des Eaux en Belgique. Quelle est la position du Gouvernement par rapport à vos propositions ? » De toute évidence, personne ne souhaitait entreprendre une discussion scientifique sur le sujet.
3 Le mot assainissement (rendre sain) est une erreur tragique avec des conséquences très graves. Il vaudrait mieux parler de « valorisation des eaux résiduaires » ou plutôt de « gestion des eaux usées ».
4 La valorisation agricole d’une partie des boues d’épuration ne constitue qu’une caricature du procédé de fabrication d’humus par compostage des matériaux végétaux imprégnés d’eaux-vannes et de lisier d’élevage. La quantité de nutriments (azote/phosphore/potassium ou NPK) ont bien moins d’importance que leur place occupée dans les structures moléculaires des déjections. Argumenter sur la reconduction de ces nutriments dans le sol par la valorisation agricole des boues d’épuration est un leurre dangereux. La « valeur agricole » du digestat de bio-méthane aussi.
5 Pour connaître une description sommaire du nouveau génie sanitaire, voir la vidéo de 14 minutes accessible par le lien : http://www.youtube.com/watch?v=cNKgvPGZSYg
6 L’enlèvement de la broussaille des sous-bois fournira la part de lion de la biomasse végétale dans les centres d’imprégnation et de compostage. Grâce à cet enlèvement, on pourra oublier les incendies qui détruisent chaque année des millions d’hectares de bois, tout en rejetant une quantité énorme de CO2 dans l’atmosphère.
7 Mais pas d’une manière stupide de production d’hydrazine au départ de l’urine (humus potentiel) par voie microbiologique.
8 Un tel centre d’imprégnation fonctionne déjà en France depuis 2011. Il produit du fumier « high-tech » bien apprécié par les agriculteurs.